Affaires étrangères

Chers collègues,

Le National Health Service touché par la régionalisation ? La région de Manchester aura une autonomie de gestion du système de soins en 2016 (voir iciici et ). Une réforme vantée par certains, crainte par d’autres, mais intéressante à suivre, puisqu’en France, autre pays centralisé, l’idée d’une régionalisation de l’organisation des soins a du mal à s’imposer.

En tout cas, le NHS est au centre de l’élection législative de mai prochain au Royaume-Uni. Un éditorial du Lancet insiste sur l’enjeu de cette élection et rappelle notamment ceci : “Instead of regulation being a means to bring the best out of our health professionals, it is used as a tool to threaten, punish, and harm. The conditions we have created for health professionals in the NHS mean that few people are cherished. Instead, they are seen as problems to be managed. An obsession with inspection has also blinded us from thinking about health as more than a health-sector issue. To achieve health and wellbeing in a sustainable way, one in which we care equally for the health of future generations as we do our own, we must think more about issues such as education, food, alcohol, housing, the state of our cities, violence, and social protection.” Ces fortes paroles pourraient aussi s’appliquer en France.

L’heure du bilan a sonné pour les réformes du NHS menées par le gouvernement Cameron. Jeremy Hunt, le ministre britannique de la Santé, est accusé de retarder la parution d’un rapport très critique, qui parlerait d’une hydre à plusieurs têtes pour caractériser le NHS, selon The Guardian.

Dans son numéro du 5 mars, la London Review of Books publie le texte d’un généraliste anglais qui s’insurge contre l’incitation par les pouvoirs publics à faire plus de diagnostics de démence (55 livres sterling par diagnostic !). Il écrit dans sa contribution intitulée Cash for Diagnoses : “The government’s health policy reached new levels of absurdity last October, when it was announced that GPs would be paid £55 for every diagnosis of dementia they could enter in a patient’s notes. It was to be a short-term initiative, set to expire before May’s general election – it’s said the Department of Health was keen to meet a target. Simon Stevens, the CEO of NHS England, said that patients had a ‘basic human right’ to know if they were becoming demented. Jeremy Hunt, the health secretary, never one to boost morale when there’s an opportunity to attack it, called the level of dementia diagnosis in England ‘a national shame’.”

Les conseils donnés dans les émissions médicales télévisuelles ne sont pas toujours fondés, loin s’en faut. C’est ce que montre un travail publié par le British Medical Journal. Deux émissions américaines, The Dr. Oz Show et The Doctors TV Show, ont été prises en exemple. Conclusion des auteurs : “Approximately half of the recommendations have either no evidence or are contradicted by the best available evidence. Potential conflicts of interest are rarely addressed. The public should be skeptical about recommendations made on medical talk shows.” Une étude portant sur les émissions françaises aurait-elle des résultats différents ?

Les patients se fient souvent aux classements des hôpitaux, qui sont nombreux aux Etats-Unis. Que valent ces classements ? Pas grand-chose si l’on en croit la revue HealthAffairsIls sont même une source de confusion. Un groupe de chercheurs a comparé quatre systèmes de classement. La conclusion de cette étude : “No hospital was rated as a high performer by all four national rating systems. Only 10 percent of the 844 hospitals rated as a high performer by one rating system were rated as a high performer by any of the other rating systems. The lack of agreement among the national hospital rating systems is likely explained by the fact that each system uses its own rating methods, has a different focus to its ratings, and stresses different measures of performance.”

Le sort de l’Obamacare est entre les mains de la Cour suprême qui va dire fin juin ou début juillet si les aides fédérales accordées aux assurés vivant dans les Etats où l’offre assurantielle n’était pas assurée par l’Etat mais par le gouvernement fédéral sont légales. En cas de réponse négative, tout l’édifice pourrait s’écrouler, si l’on en croit le New York Times. Voir ici les Etats des Etats-Unis et les catégories d’assurés qui seraient concernés par un jugement défavorable.

Pour The Economist, l’Obamacare a provoqué de grands changements dans le système de soins américain : remise en cause du paiement à l’acte, recherche de soins de meilleure qualité et moins chers, création de structures alternatives aux urgences hospitalières, concurrence accrue entre les acteurs, etc. Loin de conduire le pays à la banqueroute, comme les adversaires de l’Obamacare le prédisaient, l’obligation faite aux Américains d’avoir une assurance maladie a rendu la médecine “plus économe”, écrit ce même hebdomadaire dans un autre article, qui prévoit tout de même une croissance des dépenses de santé de 6 % en 2015 aux Etats-Unis.

Il y aurait plus de 100 000 applications de “santé” sur le marché. Quel est leur intérêt, quels sont leurs dangers, quelle est leur fiabilité, comment les réglementer ? Hubert Guillaud essaie de répondre à toutes ces questions dans une remarquable synthèse.

Un bulletin de l’OMS souligne l’importance des mégadonnées pour l’amélioration des systèmes de soins, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

L’Inde, où l’accès aux soins est très difficile, va créer un système de sécurité sociale universelle pour l’améliorer.

Amitiés et bon courage.

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