Voyage d’hiver en Twitterland

Chers collègues,

Un journal de bord.

29 décembre 2017 : il y a trois formes de mensonge : le mensonge, le gros mensonge et les statistiques. Comment retrouver confiance dans les statistiques ? Les statisticiens eux-mêmes y réfléchissent (voir ici sur le blog d’Hervé Maisonneuve).

3 janvier : le ministre de la santé du Royaume-Uni présente ses excuses aux patients pour les perturbations graves observées dans le fonctionnement du NHS, engorgement des urgences, interventions programmées repoussées (voir ici).

4 janvier : Cédric Villani s’épanche dans le Point sur l’intelligence artificielle, les bouleversements qu’elle va engendrer et les dangers qu’elle fait courir.

Dans le NYT, la nécrologie de Jimmie Holland, créatrice de la psycho-oncology. Extrait : « With several colleagues in the mid-1970s, Dr. Holland established a division of psychiatry at Memorial Sloan Kettering Cancer Center in Manhattan. She became the first woman to head a clinical department there and was credited with creating the first full-time psychiatry service in a major cancer hospital. […] She urged doctors to screen for emotional distress as a vital sign, just as they do for temperature, pulse, respiration, blood pressure and pain. Physiological symptoms, she said, could often be relieved by antidepressants, anxiety medicine, meditation and other treatments. »

5 janvier : dans l’Express, la critique du livre de notre collègue Patrice Debré sur son grand père, Robert Debré, une vocation française, chez Odile Jacob. Faut-il rappeler ici le rôle joué par Robert Debré dans l’histoire de la médecine du 20e siècle en France ? Fondateur de la pédiatrie française, il a été aussi à l’origine de la création des centres hospitaliers et universitaires en 1958, donnant ainsi un nouveau souffle à notre système hospitalier et à la recherche médicale. Mais, c’est surtout une vie d’une extrême richesse, l’occasion de traverser le siècle passé dans ses drames et ses grandeurs.

6 janvier : « Médecine au chronomètre, les praticiens se révoltent », nous dit le Matin. En Suisse, la durée des consultations est désormais limitée dans le temps.

8 janvier : M. Édouard Couty remet son rapport sur le CHU de Grenoble, un constat qui fait froid dans le dos. Les « responsables » restent en place, mais vont se faire « accompagner ». En France, quand on est mis en cause gravement, on reste à son poste. On ne démissionne pas, on n’est pas sanctionné.

9 janvier : Nature Medicine incite à aborder la psychiatrie à travers les mégadonnées. C’est du lourd, du méga lourd. Extrait : « The success of big data projects requires seamless collaboration among researchers, data scientists, clinicians, engineers, patients and others. Traditional disciplinary barriers need to be broken down. Only then will we be truly close to our shared goal: a better understanding and improved treatment of the mental illnesses that afflict millions. »

12 janvier : “Ce n’est pas ça mon métier, madame Buzyn” : épuisée, une infirmière rend sa blouse blanche, nous apprend Franceinfo.

14 janvier : un site se réclamant de Jacques Ellul cite Tite Live, parlant d’un temps où « nous ne pouvons supporter ni nos maux ni leurs remèdes ».

15 janvier : Hervé Maisonneuve livre un billet de blog reprenant les critiques adressées à la Haute Autorité de santé par la revue Prescrire. Toutes les recommandations ne sont pas fondées sur des données solides.

Le Daily Telegraph nous apprend que les données de très nombreux patients ont été livrées à l’industrie du tabac. Extrait : « The data covering almost 180,000 patients – every case of lung cancer diagnosed in England over a four year period – was given by health officials to a firm which has acted to cigarette giants Philip Morris International for almost three decades.»

16 janvier : le taux de mortalité maternelle augmente au Texas, selon The Texas Tribune. Extrait : «  The Texas Tribune has heard harrowing tales of mothers enduring medical nightmares: They bled out, had strokes and heart attacks, lost babies during delivery. Dozens of experts and advocates say maternal deaths are a symptom of a bigger problem: Too many Texas women — particularly low-income women — don’t have access to health insurance, birth control, mental health care, substance abuse treatment and other services that could help them become healthier before and after pregnancy. »

Un article du Monde sur la formation des directeurs d’hôpital présente ces derniers comme des cost killers.

17 janvier : The Times Literary Supplement résume la pensée de Thomas Kuhn, un des philosophes des sciences les plus marquants du 20e siècle.

Le conseil national de l’ordre des médecins s’alarme de la crise hospitalière et soutient l’appel des 1000.

18 janvier : les hôpitaux américains envisagent de produire eux-mêmes les médicaments pour éviter de les payer à des prix prohibitifs, lit-on dans le NYT.

19 janvier : quel management pour demain ? Voici les propositions de Marie-Hélène Straus et Eric Julien en 9 principes.

23 janvier : The Economist nous parle du projet de séquençage de toutes les espèces animales et végétales de la planète. Extrait : « The truly daunting part of the project is the task of assembling the necessary specimens. Some of them, perhaps 500,000 species, may come from botanical gardens, zoos or places like the Smithsonian (the herbarium of which boasts 5m items, representing around 300,000 species). The rest must be collected from the field. Dr Lewin hopes the project will spur innovation in collection and processing. This could involve technology both high (autonomous drones) and low (enlisting legions of sample-hunting citizen scientists). It does, though, sound like a multi-decade effort. »

Le site Rédaction médicale et scientifique rapporte les petits arrangements des hôpitaux pour toucher davantage d’argent grâce aux points SIGAPS, comme l’a révélé par la cour des comptes dans son rapport sur les CHU paru en décembre 2017.

24 janvier : le site TICsanté affirme que « les informaticiens hospitaliers [sont] “débordés” par le réglementaire ».

25 janvier : dans le NEJM un article sur le burn-out des médecins et ses conséquences sur les patients, « To Care Is Human — Collectively Confronting the Clinician-Burnout Crisis ».

26 janvier : plaidoyer pour une médecine qui prend son temps dans le NYT.

27 janvier : The Lancet commente un rapport sur les soins psychiatriques en Europe. Extrait : « Overall, there has been progress towards deinstitutionalisation, but “tens of thousands of people with mental health problems are living in psychiatric and other institutions in Europe today”, documents the report. Involuntary treatment and detention are a necessary part of mental health care, but strengthened community services, a high standard for wards, and fair reform of mental health laws must have higher priority. That coercion and human rights abuses in mental health services remain commonplace across many European countries is a shameful state of affairs in the 21st century. »

28 janvier : la crise traversée par le NHS cet hiver était prévisible, mais peu a été fait pour la prévenir (voir ici). N’en va-t-il pas de même avec le crise que vivent aujourd’hui nos établissements hospitaliers ?

30 janvier : le paiement à la performance ne répond pas aux attentes, selon Statnews, qui cite plusieurs études montrant l’absence d’effets bénéfiques de cette méthode sur la qualité des soins, méthode que certains aimeraient voir se développer en France, maintenant qu’elle a échoué aux États-Unis.

31 janvier : le Monde nous introduit dans le cabinet des juges des tutelles, avec tous ses drames et ses secrets de famille.

2 février : selon le journal du CNRS, l’intelligence artificielle va prendre une place majeure dans l’exercice médical. Nous verrons bien. Extrait : « Selon Amedeo Napoli, l’IA devrait devenir « un véritable assistant intelligent » des médecins plutôt que les remplacer. « Cette aide à la décision va certainement transformer le métier de clinicien », renchérit Olivier Colliot. Et puis, la médecine n’est pas qu’affaire de diagnostic et de technologie. Déjà en 1973, Georges Canguilhem, philosophe de la médecine, s’interrogeait sur les conséquences pour le patient : « Un diagnostic et un traitement par l’ordinateur répondront-ils à la totalité de ses besoins ? N’a-t-il pas aussi besoin de la présence, à son côté, d’un vivant, message de vie ? »

Sur le site The Conversation, un article sur la responsabilité des entreprises dans le harcèlement moral au travail.

4 février : une chronique de notre urologue futurologue favori critiquée par Alexis Verger, qui est sévère sur les compétences scientifiques de notre collègue.

5 février : alors que la Chine recueille des données de santé sur des centaines de millions d’habitants, et demain des milliards, dans le BMJ, le Pr Luxia Zhang fait preuve de d’une prudence confucéenne : « Despite the great interest in big data, we advocate following Confucian doctrine to ensure that we obtain true value for medicine—that is, to learn extensively, inquire carefully, think deeply, discriminate clearly, and practise faithfully. »

6 février : pour le JAMA, une nouvelle spécialité doit être crée, le virtualiste. «

7 février : sur le site Gizmodo, la démonstration que l’espionnage de votre domicile et de votre vie privée par vos applications domestiques n’est pas une fiction.

8 février : un article du Washington Post parle des difficultés d’intégration des enfants autistes dans la société. Le titre en dit long « We had a great day at the park with our autistic son, until someone called the police ». Les dernières lignes du texte : « We need less worry and more support. We need less judgment and more acceptance. We need less of what my friend Sara Zaske, the parenting writer, has called “the destructive police-calling culture” and more true help and awareness. I would even argue that while it’s fine and necessary to help autistics adapt to a world that they perceive as hostile, we should also be actively trying to make the world a less hostile and more forgiving place for people who act and look a little different, and for those who love and care for them. »

« Les infirmières consacrent seulement la moitié de leur temps de travail à prodiguer des soins, parce qu’elles croulent sous des tâches administratives et des travaux d’entretien ménager qui devraient être accomplis par d’autres corps de métier. » C’est ainsi que commence un article du Journal de Québec sur la situation des infirmières dans cette province du Canada.

9 février : Sud-Ouest rapporte que sur France Télévision la ministre des solidarités et de la santé a rappelé une évidence : dans le vin, il y a de l’alcool. Mal lui en a pris (voir au 22 février).

Sur son blog, Jean-Yves Nau épingle la directrice du CHU de Tours qui enjoint au personnel hospitalier de se taire. Est-ce bien raisonnable ? Encore une manifestation du déni des difficultés. « Pas de vagues », slogan des directeurs d’établissement, qui n’apprécient guère que l’on parle du b… ambiant.

13 février : le Premier ministre s’empare des questions de santé (voir ici). Un air de déjà entendu. Nous jugerons aux actes. Le premier a été tout de même de resserrer le garrot en annonçant la baisse des tarifs pour 2018.

14 février : un article du King’s Fund sur les délais d’attente au sein du NHS. Tous les indicateurs se dégradent.

15 février : un long article du Monde sur « le soins saccagé ». Le déni de ce phénomène social préoccupant par les pouvoirs publics est dangereux, car la situation est explosive. Extrait : « Comment en est-on arrivé là ? Outre le manque de moyens et d’effectifs, le constat des observateurs est quasiment unanime : appliquées sans discernement, les méthodes modernes de gestion et de management issues du privé sont une catastrophe pour les institutions sanitaires et sociales. […] Dans un article publié en 2017 dans la Revue interdisciplinaire Management, homme & entreprise, Marc Olivaux, Djelloul Arezki et Olivier Keramidas, spécialistes en sciences de gestion (Cergam, université Aix-Marseille), soulignent eux aussi les limites intrinsèques des techniques managériales dans les institutions de soins.

Après avoir mené une enquête de terrain dans un centre hospitalier régional universitaire (CHRU), ils notent que ce mode de gestion, en faisant entrer l’hôpital dans une logique purement comptable, « génère des situations paradoxales » et entraîne notamment une baisse de l’autonomie et du pouvoir des professionnels. Dans un milieu médical caractérisé par « une forte autonomie des acteurs », un milieu ayant des valeurs professionnelles et un code déontologique fort, cela ne passe pas. « Il est insupportable pour un médecin, par exemple, de se voir expliquer par un gestionnaire combien de temps doit durer un rendez-vous avec un schizophrène ! »illustre la sociologue Danièle Linhart. Pour cette professeure émérite au CNRS, auteure de La Comédie humaine du travail (Erès, 2017), l’esprit managérial « consistant à imposer des normes sans tenir compte des métiers » est incompatible avec l’éthique professionnelle du service public. Et plus encore dans le domaine du soin. » […] Car la maltraitance institutionnelle ne se réfère pas uniquement aux horreurs régulièrement dénoncées dans les médias. « Elle peut se nicher dans les mille petits riens du quotidien qui, si on n’y prend garde, peuvent générer autant de souffrances accumulées », souligne Carine Maraquin, psychologue clinicienne et coordonnatrice d’un dossier sur « La fabrique de la maltraitance » (revue Vie sociale et traitements n° 127, Eres, 2015). Non pas que les personnels soignants aient l’intention de nuire. Professeur en éthique médicale à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée, la philosophe Corine Pelluchon, bien au contraire, dit avoir été frappée, lors de ses expériences de terrain, par « le travail extraordinaire et l’extrême dévouement du personnel soignant » dans les institutions publiques. « Ce sont des gens de vocation, hypermotivés, qui supportent d’autant moins bien de ne pas pouvoir exercer leur métier correctement », ­affirme-t-elle. »

Il serait temps de tirer les conséquences de ces constats plutôt que de s’enfoncer un peu plus chaque année dans cette impasse.

16 février : aux États-Unis, l’inconduite scientifique peut coûter cher (voir ici). En France, c’est encore gratuit.

A l’occasion de la 1e journée scientifique de l’association Jean-Louis Mégnien, le médiateur national Édouard Couty déclare notamment : «Il y a une culture paternaliste dans cette institution », mais « l’infantilisation des subordonnés est de moins en moins supportée ».

17 février : un tweet lapidaire d’Edgar Morin : « La transformation de l’hôpital service public, en entreprise obéissant à la rentabilité et aux règles de gestion de l’économie privée a des effets déshumanisants de plus en plus néfastes pour les patients, infirmières, médecins. »

19 février : dans un billet de blog publié sur le site du BMJ, Richard Smith plaide pour une médecine raisonnable et humaine, par opposition à une médecine démiurgique. Le débat mérite d’être lancé.

20 février : un article du site Usbek et Rica sur l’apport remarquable des personnes atteintes du syndrome d’Asperger dans le monde professionnel.

21 février : un article de la Croix sur les dangers de l’intelligence artificielle relevés par un panel d’experts internationaux. Extrait : « Des experts internationaux sonnent l’alarme sur les risques d’une utilisation malveillante de l’intelligence artificielle par “des États voyous, des criminels, des terroristes”, dans un rapport publié mercredi.

Selon eux, dans les dix prochaines années, l’efficacité croissante de l’IA risque de renforcer la cybercriminalité mais aussi de conduire à des utilisations de drones ou de robots à des fins terroristes. Elle est aussi susceptible de faciliter la manipulation d’élections via les réseaux sociaux grâce à des comptes automatisés (bots). »

22 février : le président de la République a avoué boire du vin midi et soir, sans dire combien (voir ici par exemple un article sur ces déclarations). Il ajouté que les jeunes ne se saoulent pas avec du vin, ce qui est une contre-vérité. Et que dire des moins jeunes ? Le vin n’est pas de l’alcool pur, mais il en contient beaucoup. Et l’alcool n’est pas bon pour la santé, surtout si on en prend trop et tous les jours. Le lobby vinicole est très puissant en France, les addictologues et les spécialistes de santé publique ne leur arrivent pas à la cheville en termes d’influence, sans parler de la ministre des solidarités et de la santé, désavouée publiquement et accusée implicitement d’« emmerder les Français » (voir ici ses déclarations au journal Sud-Ouest du . L’alcool, y compris celui que contient le vin, tue de façon prématurée près de 50 000 personnes par an en France, ravage la vie de millions d’autres et coûte à la société des sommes astronomiques. C’est après le tabac le deuxième serial killer. Il faut conseiller au président de la République, sans chercher à l’em…, de faire attention à sa consommation.

Ce même jour, Décision santé publie un entretien avec une avocate spécialisée dans le droit de la fonction publique. Elle se montre réservée sur les procédures de médiation en cas de harcèlement moral. Extrait : « La médiation est un modèle alternatif des conflits et des litiges. Or les harcèlements moraux ne sont pas des conflits, mais relèvent des rapports de domination. »

Et le NYT publie un article sur la corruption des élites politiques et médicales grecques par Novartis. Un autre lobby très puissant.

23 février : un article du Lancet sur le système de santé canadien, souvent loué par contraste avec son voisin américain. On y apprend tout de même que dans un ménage canadien sur quatre, un membre de la famille ne prend pas ses médicaments à cause d’une incapacité à les payer.

24 février : Sur France Culture, Didier Tabuteau exprime l’essentiel avec élégance, intelligence et justesse dans une intervention intitulée « Urgence sur la santé ». Il déclare notamment que nous sommes « au bout du rabotage des dépenses » et qu’il faut « faire confiance aux professionnels et aux associations de patients ». A écouter ici.

Ce même jour, un twitto rappelle cette phrase de Michel Rocard : « « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot demande un esprit rare. » Faut-il l’appliquer à ceux qui gèrent pilotent les hôpitaux publics au niveau national, accusés parfois de vouloir consciemment les livrer aux appétits des financiers ?

25 février : le phénotypage par nos empreintes « digitales », au sens informatique du terme, serait une aide à la détection de certains troubles ou de certains effets secondaires, nous révèle une enquête du NYT. Extrait : « People typically touch their phones 2,617 per day, according to one study — leaving a particularly enticing trail of data to mine.

“Our interactions with the digital world could actually unlock secrets of disease,” said Dr. Sachin H. Jain, chief executive of CareMore Health, a health system, who has helped study Twitter posts for signs of sleep problems. Similar approaches, he said, might someday help gauge whether patients’ medicines are working.

“It could help with understanding the effectiveness of treatments,” he said.

The field is so new and so little studied, however, that even proponents warn that some digital phenotyping may be no better at detecting health problems than a crystal ball. »

Toujours dans le NYT, une interrogation sur la place de l’hôpital dans le système de santé : « Are Hospitals Becoming Obsolete ? » Extrait : « As these trends accelerate, many of today’s hospitals will downsize, merge or close. Others will convert to doctors’ offices or outpatient clinics. Those that remain will be devoted to emergency rooms, high-tech services for premature babies, patients requiring brain surgery and organ transplants, and the like. Meanwhile, the nearly one billion annual visits to physicians’ offices, imaging facilities, surgical centers, urgent-care centers and “doc in the box” clinics will grow.

Special interests in the hospital business aren’t going to like this. They will lobby for higher hospital payments from the government and insurers and for other preferential treatment, often arguing that we need to retain the “good” jobs hospitals offer. But this is disingenuous; the shift of medical services out of hospitals will create other good jobs — for home nurses, community health care workers and staff at outpatient centers. »

26 février : Medscape nous fait faire un tour de France des manifestations et mouvements de grève affectant les services d’urgences.

Sur Rue89Lyon, le récit d’une nuit aux urgences par une infirmière gréviste et réquisitionnée.

27 février : les mécanismes simples de l’addiction aux écrans et les moyens de la limiter exposés par Vox.

La maltraitance ordinaire à l’hôpital : le cas d’une infirmière raconté sur le site La Culture du droit.

La façon dont la caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés gère, utilise et contrôle les données dont elle dispose laisse perplexe, notamment la commission de l’informatique et des libertés. (Voir ici sur le site de la CNIL. Extrait : « Le traitement « SNIIRAM » (Système national d’information inter-régimes de l’assurance maladie), créé par la loi du 23 décembre 1998 et mis en œuvre par la CNAMTS (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) a pour objectif de contribuer à une meilleure gestion des politiques de santé. Cette base contient des milliards de données relatives à la santé des assurés sociaux (actes médicaux, feuilles de soins, séjours hospitaliers, etc.) auxquelles accèdent de très nombreux organismes : les caisses gestionnaires des régimes d’assurance maladie, les agences régionales de santé, des ministères, l’institut national des données de santé, des organismes de recherche, etc.

À la suite d’un rapport de la Cour des comptes paru en 2016 faisant état d’une sécurité insuffisante des données du SNIIRAM, la CNIL a conduit une série de contrôles auprès de la CNAMTS, de prestataires techniques et de caisses primaires d’assurance maladie.

Les vérifications réalisées ont confirmé des manquements à la loi Informatique et Libertés en matière de sécurité des données.

Si la CNIL n’a pas constaté de faille majeure dans l’architecture de la base centrale, elle a relevé plusieurs insuffisances de sécurité susceptibles de fragiliser le dispositif,  portant notamment sur la pseudonymisation des données des assurés sociaux (laquelle consiste à rendre plus difficile la ré-identification des personnes), les procédures de sauvegarde des données, l’accès aux données par les utilisateurs du SNIIRAM (en particulier l’insuffisante sécurité de leurs postes de travail) et par des prestataires.

Compte tenu de ce constat, la Présidente de la CNIL a décidé de mettre en demeure la CNAMTS de prendre toute mesure utile pour garantir pleinement la sécurité et la confidentialité des données des assurés sociaux conformément aux exigences de l’article 34 de la loi Informatique et Libertés.

La CNAMTS dispose d’un délai de 3 mois pour s’y conformer. »)

28 février : Dans le JAMA, une mise en garde contre les études dite en vie réelle pour évaluer les thérapeutiques et leurs risques, ici à propos des stabilisateurs de l’humeur. Les biais sont immenses et des conclusions hâtives sont parfois tirées de comparaisons entre groupes non comparables, avec un grand nombre de biais possibles liés à des variables confondantes.

Le NYT nous apprend que Barbara Streisand a cloné deux fois un de ses chiens favoris :

« In her interview with Variety, Ms. Streisand revealed that two of her three Coton de Tulear dogs were clones. Specifically, the magazine reported that the dogs — Miss Violet and Miss Scarlett — had been cloned from cells taken from the mouth and stomach of Ms. Streisand’s late dog Samantha, who was 14 when she died last year. » Tout le monde peut en faire autant pour 50 000 dollars l’unité.

1er mars : situation tendue à l’hôpital de Blois, nous dit la Nouvelle République. Extrait : « Le service des urgences dispose actuellement de douze médecins en équivalents temps pleins alors qu’il en faudrait trente-deux. « C’est impossible d’établir des plannings. Certains jours, il n’y a pas de médecin du service en poste. Ce sont ceux du Samu qui sont obligés d’aller dépanner les urgences, explique le collectif. Quant aux internes, à qui on demande d’aller au-delà de leurs compétences et de prendre régulièrement des gardes, ils viennent de déposer un préavis de grève. Même les intérimaires rebroussent chemin. »
Comment les urgences en sont-elles arrivées à cette situation ? « Des décisions n’ont pas été prises depuis des années, alors que nous tirions la sonnette d’alarme. On a géré à la petite semaine. Progressivement, on a demandé au Samu de combler les trous alors qu’il n’était pas mieux loti, puis aux médecins des autres spécialités d’assurer des gardes aux urgences une fois par mois. Rien n’a été fait pour retenir les médecins urgentistes. » Le collectif a émis le souhait de créer une deuxième ligne de garde, que des médecins de différents services donnent un coup de main en zone de surveillance de courte durée pour libérer un temps plein de praticien aux urgences. « Nos propositions pour lesquelles nous sommes prêts à nous investir n’ont reçu aucune réponse. Depuis la loi HPST de 2009, la direction a tous les pouvoirs. »

2 mars : le NYT analyse plusieurs ouvrages rédigés par des médecins qui ont « laissé le scalpel pour la plume » et racontent leurs expériences de vie.

Dominique Dupagne tweete ce diagramme tiré du Panorama de la santé 2017 de l’OCDE.

3 mars : le scandale du sang contaminé a touché plus de  4500 hémophiles au Royaume-Uni dans les années 1970-1980, dont plus de 60 % sont décédés à ce jour (voir ici).

Puisqu’un chercheur est jugé sur la quantité d’articles qu’il réussit à publier dans des revues à comité de lecture (bien sûr), tous les moyens sont bons pour gonfler ce score éminemment représentatif de son apport à la science en marche (rappelons que selon Ioannidis 85 % de ce qui se publie ne vaut pas grand-chose). Une méthode de gonflette bien connue est le saucissonnage. En voici un exemple extrême : 33 articles pour une seule étude.

4 mars : pour terminer, sur le site Times Higher Education, David Matthews se demande s’il faut nationaliser les éditeurs de revues scientifiques.

Et le blog InternetActu, abrité par le Monde, recense le premier livre sur CRISPR, écrit par l’une de ses deux co-découvreuses, Jennifer Doudna, récit d’une immense découverte scientifique.

Amitiés et bon courage.

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