Notes d’automne

Chers collègues,

Voici quelques feuilles tombées du net et conservées dans notre herbier.

« Hospital bosses were forced to chant “we can do this” by a senior NHS official in an effort to improve their accident and emergency performance in advance of whatdoctors have warned will be a tough winter for the NHS”, nous apprend The Guardian. Sans doute une application du management participatif. A quand la séance d’hypnose collective pour répandre l’enthousiasme ?

Intéressement des chercheurs en cas de publication scientifique : un tiers des MERRI leur est versé directement (voir ici). C’est chez Ramsay/General de santé. Une incitation perverse de plus à publier pour publier ou une juste rétribution des efforts de recherche ? Pendant ce temps, dans Nature, estime qu’il faudrait au contraire limiter les possibilités de publication. La quantité d’articles ou de mots ne dit rien sur la qualité de ce qui est écrit, pourtant.

Les sept péchés capitaux de la science et leur rachat : analyse du livre de Chris Chambers sur l’excellent site d’Hervé Maisonneuve, qu’on ne recommandera jamais assez. Fiona Godlee, rédactrice en chef du British Medical Journal nous expose de son côté pourquoi il ne faut pas croire tout ce que disent les journaux médicaux.

Les procédures « bâillons » pour faire taire les enseignants-chercheurs se multiplient. La Justice reste vigilante et protège la liberté académique, comme le montre une récente décision de la cour d’appel de Paris dans le procès intenté par la société Chimirec à un juriste spécialiste de la protection de l’environnement (voir ici). La cour d’appel de Paris a décidé qu’il s’agissait d’une procédure abusive de procès en diffamation portant atteinte à la liberté d’expression. A la suite d’un rapport sur ces procédures d’intimidation (voir ici), l’ancien secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, M. T. Mandon, avait demandé par une circulaire aux universités qu’en réponse à de telles procédures en diffamation l’enseignant-chercheur devait bénéficier quasi automatiquement de la protection fonctionnelle et avait souhaité que cela soit inscrit dans la loi.

Entretien avec Maître Christelle Mazza : une réflexion sur la souffrance au travail dans la fonction publique, et un autre avec Christophe Dejours sur le harcèlement au travail.

Douze critères pour repérer la mauvaise science :

 

Les scientifiques les plus en vue et ayant le plus de pouvoir sont les plus narcissiques, un ingrédient de la personnalité très efficace pour faire carrière, au détriment de ceux dont la valeur intrinsèque est parfois supérieure. Ce phénomène est bien analysé ici par Bruno Lemaitre.

Dans les Inrockuptibles des témoignages supplémentaires sur la souffrance au travail des hospitaliers.

Le JAMA sonne l’alerte sur les mesures de la qualité des soins, démarche que la France s’apprête à adopter, si l’on en croit les responsables de la Haute Autorité de santé. Avant de s’engager dans cette voie, il faut lire cet article, qui en montre les considérables défauts : coûts élevé, perte de temps aux dépens du temps consacré aux malades, multiplicité de mesures sans pertinence ou redondantes, etc. (on se reportera au blog sur le livre du Dr D. Dupagne, la Qualité mon Q). Il convient sur ce sujet que nos autorités sanitaires ne tombent pas dans leur principal travers : adopter avec des années de retard les mesures qui ont fait la preuve de leur inefficacité ailleurs. L’hypothèse d’indiquer le taux de mortalité observé dans les établissements refait surface (voir ici). Première conséquence : les patients les plus lourds seront récusés.

Voir ici l’attente aux urgences pour les nuls, et « Fiction aux urgences ».

“Moreover, there is a fine line between reasonable improvements in coding accuracy and abusive or even overtly fraudulent coding practices. Although some form of risk adjustment is needed to mitigate incentives for organizations to avoid high-risk patients, current systems may exacerbate disparities between well-financed and struggling health systems and create further stimulus for consolidation. They also encourage organizations to shift resources toward better documentation rather than toward initiatives to improve care, thereby detracting from a core goal of health care reform — increasing the value of care.” Vous venez de lire la conclusion d’un article du NEJM sur les pratiques du codage dans le système de santé américain. Mêmes causes, mêmes effets. Les ressources dépensées à « optimiser » (à traduire souvent par « truquer ») le codage, de plus en plus complexe, sont détournées pour des raisons mercantiles, au détriment des ressources directement utiles pour le malade et le progrès médical.

John M. Leventhal et George A. Edwards démaquent dans le JAMA les fausses théories concernant les lésions provoquées par la maltraitance chez l’enfant.

Une épidémie d’obésité infantile se répand sur tous les continents. NPR la décrit et en analyse les causes à partir d’une étude publiée dans le Lancet.

Qui a inventé le zéro ? Réponse dans le New York Times.

La commissaire aux enfants britannique, Anne Longfield, reproche publiquement à son gouvernement de ne pas allouer suffisamment de ressources pour la santé mentale des enfants, selon The Guardian. Dans une lettre au chef du NHS, elle rappelle le manque criant de moyens dont disposent les intervenants dans ce domaine.

L’art d’avoir toujours raison avec ses propres statistiques ou how to lie with numbers.

Nos concitoyens sont inquiets pour l’avenir de l’hôpital et perçoivent sa dégradation. Selon un sondage réalisé par Odoxa pour le compte de la FHF, la MNH et Orange Healthcare, avec le concours scientifique de la Chaire santé de Sciences Po, « l’hôpital public demeure l’une des rares grandes fiertés nationales, mais son image (toujours bonne : 72% des Français en ont une bonne image) tend à se détériorer depuis ces dernières années (à 28%, la mauvaise image a progressé de 8 points en un an). Cette détérioration observée ne serait qu’un début : les trois-quarts des Français pensent que les soins en France vont se dégrader à l’avenir, et ne font aucune confiance aux pouvoirs publics pour prendre les mesures nécessaires afin de redresser la situation : seuls 33% des Français ont le sentiment que cette question de l’avenir des établissements de santé est bien prise en compte par les pouvoirs publics. » Une autre enquête menée auprès des salariés du public et du privé montre l’attachement des fonctionnaires à leurs missions de service public et la moindre satisfaction des agents de la fonction publique hospitalière.

Dans The Times Literary Supplement, un résumé sur la place de Machiavel dans la pensée occidentale. Un adage du Florentin : Gouverner c’est faire croire. ».

L’Université de Chicago est celle à laquelle ont appartenu 90 prix Nobel. Une des causes de ce succès est le respect de la liberté d’expression, la culture de l’argumentation et le refus de la soumission, selon son président, Robert Zimmer (voir ici).

Les 154 façons de présenter vos données sont ici.

Comment les géants du net utilisent leurs algorithmes pour nous conditionner, selon la sociologue Zeynep Tufekci, dont la conférence TED s’intitule « We’re building a dystopia just to make people click on ads ».

Le JAMA justifie l’intérêt du budget global pour une meilleure prise en charge des patients : « Investing in outpatient and community-based services can improve health and lower cost in the United States. Opportunities include enhancing primary care, expanding evidence-based behavioral health services, improving the coordination of care for patients with complex health needs, and linking patients to critical social resources. Yet because there is limited direct reimbursement for such efforts, major expansions depend on capturing savings. As a committee of the National Academy of Medicine recently noted: “In terms of sustainability, interventions that improve health and quality of care or reduce utilization and cost are only feasible to maintain if the provider is paid in such a way that profits (revenues minus costs) are higher with the intervention than without. »

Changement de ton sur le harcèlement moral à l’hôpital de la part du gouvernement. Ici (à partir de 01:09:30) les propos sans ambiguïté de la ministre des solidarités et de la santé à propos de ce qui se passe au CHU de Grenoble. Cette sortie du déni apporte un espoir pour tous ceux qui subissent ce fléau.

Des heures de visites de musées sans quitter sa chambre : c’est ici.

Ce sont les vacances pour beaucoup. Fini, les réunions. Ouf ! Mais cela va recommencer à la rentrée. Alors, avant d’y aller, utilisez le schéma ci-dessous pour moins perdre votre temps.

 

Amitiés, bon courage et joyeux Noël.

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