Chers collègues,
En 2000, l’Organisation mondiale de la santé avait classé les systèmes de santé de tous les pays du monde à partir d’estimations portant sur l’année 1997. La France était arrivée en tête de ce classement pour la performance globale de son système de santé et les Etats-Unis au 37e rang (voir pages 174-177 du document). Ce classement a été fortement critiqué en raison du peu de fiabilité des données utilisées et de la méthodologie retenue. La première place de la France tenait au fait que dans les domaines évalués elle se plaçait bien sans jamais être en tête, alors que les résultats de autres systèmes de santé des pays comparables étaient moins homogènes. L’OMS a depuis renoncé à établir un tel classement, jugeant que cette approche était réductrice. Elle se contente de fournir des statistiques sanitaires. On peut consulter par exemple celles parues en 2013 et 2014.
D’autres organismes internationaux sont des sources précieuses d’informations, comme la Banque mondiale, qui produit des données pour tous les pays du monde, et l’OCDE (voir ici le Panorama de la santé 2013).
Il faut citer aussi le rapport du Haut conseil de la santé publique (HCSP) La santé en France et en Europe : convergences et contrastes. Paru en 2012, il compare la France aux autres pays européens à partir de 88 indicateurs, les European Community Health Indicators (ECHI). Pour sa part, le Health Consumer Powerhouse publie régulièrement un classement des systèmes de santé européens. Son Euro Health Consumer Index 2013 classe la France en 9e position, alors qu’elle était 8e en 2012, 7e en 2009.
Le Commonwealth Fund de son côté se consacre surtout à l’étude du système de santé américain, notamment les disparités entre Etats (voir ici son dernier rapport sur l’évolution des indicateurs sanitaires dans les différents Etats des USA), mais il confronte également le système de santé américain à ceux des autres pays développés. Il vient récemment de comparer les performances de 11 pays développés et, selon ses critères, il a classé le système de santé du Royaume-Uni en tête, la France en queue, devant seulement le Canada et les Etats-Unis. Comme le remarque ironiquement le Financial Times (The ‘best’ health care is not always the one that keeps us alive), tout dépend des critères mis en avant : le système anglais ne fait pas trop mal pour ce qu’il coûte, en revanche la France se distingue par ses bons résultats sur la mortalité évitable et la sécurité des soins, et par ses mauvais résultats sur les délais d’attente et l’accès aux soins.
Dans notre pays, cette publication n’a pas fait les grands titres et a été quasiment passée sous silence. En revanche, elle a retenu l’attention de la presse américaine (voir par exemple ici ou là) et anglaise (voir par exemple ici ou là). Cette dernière relaie aussi les alertes lancées notamment par les professionnels de santé sur les périls qui guettent le National Health Service, qui subit la réorganisation la plus profonde depuis sa création en 1948. Le Guardian publie sur son site cent témoignages qui ne sont pas sans rappeler nos préoccupations.
Dans la préface du rapport du HCSP cité ci-dessus, nous lisons ce sage avertissement : “La clarté de la présentation, l’intérêt des résultats, l’attirance quasi ludique que nous avons tous pour les classements ne doivent pas, néanmoins, nous conduire à trop facilement méconnaître les écueils d’une lecture trop simpliste de ce travail. Quels sont-ils ? Si l’ensemble des indicateurs ECHI est clairement défini au niveau de la Communauté européenne, les systèmes d’information qui permettent de les renseigner dans chacun des Etats ne sont pas standardisés ni exempts de biais. Il faut donc savoir lire les résultats avec un minimum de prudence, sans exagérer la signification précise d’un classement. […]Un dernier mot encore : la lecture passionnante de ce rapport favorise la nécessaire prise de conscience que nous ne sommes ni seuls au monde ni les plus privilégiés. En matière de santé, la France est aujourd’hui un pays “moyen”, parfois meilleur que certains autres mais pas toujours.”
Amitiés et bon courage.