Chers collègues,
Depuis 2012, date de son arrivée avenue de Ségur, la ministre de la Santé multiplie les groupes de travail, les concertations, les consultations, les missions, les groupes de réflexion, les réunions en régions, les rencontres formelles et informelles, tout cela pour que finalement son cabinet élabore un projet de loi faisant la quasi-unanimité contre lui.
Il serait trop long de retracer toutes les étapes de cette gigantesque et stérile entreprise. Ces semaines dernières se sont constitués deux fronts d’opposition, celui des libéraux et celui des hospitaliers, après la fronde des urgentistes et celle simultanée des cliniques privées, frondes vite étouffées sous les promesses, et avant la fronde des internes qui se profile à l’horizon. Bien entendu, de nouvelles commissions et de nouveaux groupes de travail ont été annoncés pour réécrire la loi : le ministère a inventé le mouvement d’écriture perpétuel.
Cette activité rédactionnelle impossible à arrêter se fait dans une confusion lexicale assez déconcertante. Les cliniques privées revendiquent les mêmes droits et les mêmes financements que l’hôpital public, dans le cadre du “service public hospitalier” qui pourrait les réunir sous un même label. Par ailleurs, le “service territorial de santé au public” (sic !) s’organiserait sous la férule des Agences régionales de santé, mais à partir des libres initiatives venues du terrain, pour définir les “parcours de soins” au sein des “territoires”, les mots magiques du moment.
Plutôt que de proposer des amalgames douteux, un vocabulaire abscons et de nouvelles usines à gaz, ne faudrait-il pas mieux appeler un chat un chat, et les cliniques privées les cliniques privées, la médecine libérale la médecine libérale, l’hôpital public l’hôpital public, etc. ?
Amitiés et bon courage.