Chers collègues,
La Commission médicale d’établissement de Marseille avait voté contre le plan de retour à l’équilibre présenté par la direction du CHU phocéen en mars dernier. Début juin, la CME de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris avait voté contre le projet global de financement pluriannuel proposé par l’administration. A son tour, le 29 juin, les membres de la CME des Hospices civils de Lyon ont rejeté massivement l’état prévisionnel des recettes et des dépenses 2015, qui comprenait un niveau d’économies insupportable, avant de mettre un terme à la séance de la CME sans examiner les autres points à l’ordre du jour.
Les trois plus grands CHU de France font la même analyse : les restrictions budgétaires imposées à leurs établissements empêchent ceux-ci d’exercer leurs missions. Plusieurs autres CME ont envoyé un message identique.
Il faut être aveugle pour ne pas voir que les restrictions budgétaires appliquées aux hôpitaux, qui ont été aggravées récemment par la demande d’un effort supplémentaire de 3 milliards d’euros d’ici 2019, rendent problématique leur retour à l’équilibre budgétaire, limitent leur capacité à répondre aux besoins de la population et réduisent leurs investissements, condition pourtant de leur adaptation à la médecine de demain.
Préoccupés avant tout de comptabilité à court terme, les pouvoirs publics portent une lourde responsabilité dans l’inexorable dégradation du tissu hospitalier français, dont la qualité était pourtant reconnue au niveau international.
Les médecins hospitaliers ne cessent d’alerter l’opinion publique sur les dangers que la politique de santé des gouvernements successifs fait courir à notre système de soins, et dénoncent l’obstination des décideurs à prôner des solutions qui ont échoué. Nos propres propositions mériteraient au moins d’être discutées (pour en prendre connaissance et les soutenir, c’est ici). Elles ont pour elles une rationalité que l’on cherche en vain dans celles qui sont aujourd’hui en œuvre. Elles nécessitent un courage et une lucidité politiques que l’on cherche non moins en vain chez ceux qui nous gouvernent.
Nos collègues lyonnais ont demandé à être reçus par le cabinet de la ministre de la santé. Ils seront sans doute reçus, et après ?
Amitiés et bon courage.