Le témoignage émouvant du Pr Joël Ménard

Chers collègues,

Il faut lire le témoignage très émouvant du Pr Joël Ménard, qui vient de traverser l’épreuve de la maladie. Il nous livre ses réflexions après un séjour de plusieurs semaines dans le service de chirurgie digestive de l’hôpital Beaujon. Ce texte mémorable, accessible à tous grâce à l’autorisation de l’auteur et du directeur de la publication du Quotidien du Médecin, Gérard Kouchner, se passe de commentaires. Disons seulement qu’il montre à quel point la haute technicité et la meilleure compétence scientifique doivent s’accompagner de douceur et d’humanité dans les gestes les plus élémentaires et les échanges quotidiens avec les malades. C’est cet alliage, menacé, qui rend la vocation soignante si précieuse pour ceux qui nous font confiance.

Merci Joël. Continuer la lecture

Survivre

Chers collègues,

Tiers-payant : au secours, les assurances et mutuelles arrivent en proposant une solution. C’est évidemment dans le but de s’emparer du dispositif, qu’il est stratégique de contrôler. Il est donc dangereux de le confier à de tels organismes plutôt qu’à la sécurité sociale. Une généraliste pratiquant le tiers-payant décrit ses déboires sur Rue89.

La mutuelle des étudiants (LMDE), héritière de la Mnef, une des pépinières du parti au pouvoir, a été placée sous sauvegarde de justice le 9 février dernier en raison d’une mauvaise gestion. Challenges nous dit que “la dette s’élève à 35 millions d’euros (dont 5 millions d’euros uniquement pour les remboursement de frais de santé des étudiants)”. Les étudiants sont évidemment les premières victimes de cette impéritie, Continuer la lecture

L’ARS, bonne à tout faire et maîtresse de maison du système de soins

Chers collègues,

Le rapport Kervasdoué sur l’accueil des malades étrangers en France vient d’être rendu public (pour aller vite, voir le résumé de Challenges). Les médecins français sont réputés, nos chirurgiens parmi les meilleurs au monde, seuls pêchent les conditions hôtelières : « […] à de très rares exceptions près, aucun établissement sanitaire français n’est au standard international », écrit l’économiste. S’il veut que la France joue dans la cour des grands du tourisme médical haut de gamme, il faut donc que l’Etat se dote d’une agence interministérielle et, logiquement, construise des palaces hospitaliers. Continuer la lecture

Petite revue du web, 2015, semaine 5

Chers collègues,

Quelques références relevées la semaine dernière.

Les dépenses de santé ont augmenté plus que souhaité en 2014, principalement à cause du traitement de l’hépatite C par le Sovaldi.

Le diagramme récapitulatif des dépenses de l’assurance maladie en 2014.

Les mamours de Marisol Touraine au monde hospitalier.

Les chefs de cliniques déplorent eux aussi le manque de souffle de la loi de santé. Le communiqué de l’Intersyndicat national des chefs de cliniques-assistants daté du 30 janvier 2015 précise Continuer la lecture

Navigation 2015, semaine 4

Chers collègues,

Voici quelques pages lues la semaine dernière.

L’Elysée au chevet de la ministre de la Santé et des médecins, selon le Figaro.

Dans un entretien pour le site egora.fr et disponible ici, le député socialiste et médecin Gérard Bapt se montre très critique envers le projet de loi de santé, soulignant que si une large concertation a eu lieu, ses conclusions ne se retrouvent pas dans le texte du projet de loi. Il cite l’exemple de la commission mise en place par le gouvernement sur l’open data. Nous pourrions ajouter, celui, caricatural, de la mission Couty sur l’hôpital public appelée pacte de confiance avec les hospitaliers, dont les conclusions sont presque toutes passées à la trappe. La « confiance » ne peut qu’être rompue par ces concertations en trompe-l’œil. Pourquoi demander l’avis des personnes concernées par la loi si c’est pour proposer ce que souhaitent les bureaucrates de la santé ? Continuer la lecture

Anap, suite

 Pour information, un message reçu hier, à la suite du blog sur la fermeture d’une salle d’opération dans le service de gynécologie du CHU de Clermont-Ferrand :

“Bonjour à tous,

Juste un témoignage personnel sur l’ANAP. Ce service a été sollicité il y a quelques années pour étudier (après bien d’autres) un projet de fusion entre les activités d’onco-hématologie du CHU de Caen et du Centre de Lutte Contre le Cancer de la même ville, projet Ô combien légitime. Je passe sur le nombre de réunions aux heures les plus précieuses pour nos activités (privilégiant les horaires très fixes des personnels de l’ANAP). Après plusieurs mois de ces séances de “travail” où il fallait expliquer à ces chargés de mission en quoi consistait ces activités médicales (ce dont ils n’avaient aucune idée), j’ai fini par demander quelle était la formation de la responsable de la conduite de ce projet. Réponse:  architecte en situation de réorientation professionnelle… (!) Après réflexion, nous nous sommes convaincus que ce travail aurait pu  être mené avec plus d’efficacité et de rapidité si l’administration avait accordé quelque confiance aux personnels médicaux pour l’établir. Mais c’est probablement trop  présomptueux de notre part….

Michel Leporrier, PU-PH émérite”

Plutôt que les salles d’opération, fermons l’ANAP

Chers collègues,

Le Pr Michel Canis, de réputation internationale, a été inteviewé par La Montagne car une deuxième salle d’opération vient d’être fermée dans son service sur décision administrative à la suite des recommandations de l’Agence nationale d’appui à la performance  (Anap), créée par la loi HPST. Le Pr Canis explique l’absurdité de cette décision prise pour des raisons d’économies mais qui va engendrer des pertes par baisse d’activité.

Extraits :  “Quel est votre sentiment aujourd’hui ? Je ressens de la tristesse, de la colère et de la honte. Tristesse de voir dégrader un si bel outil qui nous avait permis d’être classés comme l’un des meilleurs services de chirurgie gynécologique de notre pays. Continuer la lecture

En lisant et en naviguant

Chers collègues,

Qelques pages remarquées ces trois dernières semaines :

2015, semaine 1

Nos propositions dans le JDD.

Une tribune d’André Grimaldi et Frédéric Pierru dans le Huffington Post sur la grève des médecins et les vrais enjeux de la loi de santé.

L’Etat prédateur : illustration avec la loi de santé, selon J.-P. Devailly.

Comment va s’organiser la surveillance des documents informatiques : une analyse du décret de l’article 20 de la loi de programmation militaire.

Les ivresses comptent pour 30 % des admissions aux urgences du NHS, qui sont donc une vaste et coûteuse chambre de dégrisement. Continuer la lecture

Où suis-je, où vais-je, où cours-je, dans quel état j’erre ?

Chers collègues,

Depuis 2012, date de son arrivée avenue de Ségur, la ministre de la Santé multiplie les groupes de travail, les concertations, les consultations, les missions, les groupes de réflexion, les réunions en régions, les rencontres formelles et informelles, tout cela pour que finalement son cabinet élabore un projet de loi faisant la quasi-unanimité contre lui.

Il serait trop long de retracer toutes les étapes de cette gigantesque et stérile entreprise. Ces semaines dernières se sont constitués deux fronts d’opposition, celui des libéraux et celui des hospitaliers, après la fronde des urgentistes et celle simultanée des cliniques privées, frondes vite étouffées sous les promesses, et avant la fronde des internes qui se profile à l’horizon. Bien entendu, de nouvelles commissions et de nouveaux groupes de travail ont été annoncés pour réécrire la loi : le ministère a inventé le mouvement d’écriture perpétuel.

Cette activité rédactionnelle impossible à arrêter se fait dans une confusion lexicale assez déconcertante. Les cliniques privées revendiquent les mêmes droits et les mêmes financements que l’hôpital public, dans le cadre du “service public hospitalier” qui pourrait les réunir sous un même label. Par ailleurs, le “service territorial de santé au public” (sic !) s’organiserait sous la férule des Agences régionales de santé, mais à partir des libres initiatives venues du terrain, pour définir les “parcours de soins” au sein des “territoires”, les mots magiques du moment.

Plutôt que de proposer des amalgames douteux, un vocabulaire abscons et de nouvelles usines à gaz, ne faudrait-il pas mieux appeler un chat un chat, et les cliniques privées les cliniques privées, la médecine libérale la médecine libérale, l’hôpital public l’hôpital public, etc. ?

Amitiés et bon courage.

Concertation et déconcertement

Chers collègues,

L’interminable concertation du ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes autour de la loi de santé a coagulé tous les mécontentements, si bien que le gouvernement a repoussé l’examen de cette loi de plusieurs mois, et que de nouvelles discussions sont annoncées sur fond de grèves et de critiques venues de tous bords, y compris des rangs de la majorité parlementaire.

Le défaut principal de cette loi est son bureaucratisme. Voici ce que j’écrivais en mars dernier au directeur de cabinet de la ministre, Continuer la lecture